Page:Robert de Paradès - Mémoires secrets.djvu/63

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corte d’un vaisseau pour passer le détroit, & arriver sans péril en Angleterre ; mais son attente fut vaine. Pendant cinq mois qu’il y séjourna, aucun vaisseau Anglois ne parut. Les Armateurs considérant le notable dommage qui résultoit pour eux du long retard de ce bâtiment, & conjecturant que la majeure partie de la cargaison seroit avariée par une aussi longue relâche en été, sous un climat chaud, eurent recours à une fraude, dont l’objet étoit de leur procurer le même bénéfice que si le navire fût arrivé en Angleterre avec ses marchandises en bon état ; ce fut de le faire assurer sur de faux connoissemens qui doubloient la valeur de la cargaison, & ensuite de le faire prendre par nos vaisseaux pour prévenir la découverte de la fraude.

En conséquence, ils s’adressèrent à une Compagnie d’assurance à Londres, & proposèrent ce navire pour deux millions ; ce qui, joint à la prime qu’ils firent assurer aussi, porta cette assurance à 2,500,000 liv. Ils expédièrent ensuite au Capitaine du bâtiment, qui avoit lui-même un fort intérêt dans la cargaison, des ordres d’appareiller de Minorque, & de faire route pour l’Angleterre, avec injonction secrète de se faire prendre. Les Armateurs étant instruits qu’on armoit à Toulon deux vaisseaux, le Catoa