Page:Robert de Paradès - Mémoires secrets.djvu/67

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qu’il avoit fait écrire ; il apprit que l’Équipage d’un des Vaisseaux capteurs acceptoit mes offres, mais que l’autre les refusoit, alléguant que la paix valoit mieux que deux millions. Le Capitaine du Westmoreland fut sans doute consulté sur cette valeur : il étoit de son intérêt d’empêcher que le navire retournât en Angleterre, parce qu’il avoit part au bénéfice de la fraude : en conséquence il persuada aux Officiers François qu’il étoit du double plus riche que le prix que j’en offrois. M. de Sartine, qui voyoit la chose comme elle devoit être vue, fut sur le point d’employer son autorité pour la conclure ; & il pouvoit le faire avec d’autant plus de justice, qu’entrant au nom du Roi pour un tiers dans le bénéfice de la prise, & ayant le consentement d’un des Équipages pour l’autre tiers, cette prépondérance devoit l’emporter ; mais je prévins les murmures que ne manqueroit pas d’élever l’Équipage résistant, & je craignis qu’il n’imputât au Ministre d’avoir voulu me favoriser à son préjudice. Je pris la liberté de lui en faire moi-même l’observation, & j’abandonnai cette affaire. Les Équipages furent loin de s’en applaudir ; car environ un mois après, lorsqu’on travailla au déchargement du navire pour en faire la vente, la majeure partie des