Page:Rocca de Vergalo - La Poëtique nouvelle, 1880.djvu/65

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Prosateurs et les grands Artistes. Mais ne vons présentez pas à eux humbles et timides. C’est vous rendre ridicules et les faire petits.

N’ayez point de préjugés. Ne soyez ni présomptueux, ni orgueilleux, ni vaniteux, ni superstitieux. Surtout, pas de poses théâtrales !

Croyez en Dieu ou vous cesserez d’être Poète ! Le manque de foi écrase le Poète. Audelà de la Foi, de l’Espérance et de la Charité est le néant, c’estadire rien !

Que rien ne vous surprenne ni ne vous trouble.

Tout en étant d’une nature exceptionnellement nerveuse, délicate et impressionnable, le Poète doit être fort, réservé et valeureux. Il ne doit pas s’étonner de ce qu’il voit et de ce qui arrive, mais de ce qu’il ne voit pas et surtout de ce qui n’arrive pas.

Écoutez, jeunes Amis : le Poète qui n’aime ni la Liberté, ni l’Indépendance, n’est pas seulement un vrai Poète, mais il ne deviendra jamais un grand Poète, parce qu’il n’est pas républicain. En vérité, si la tyranie et le despotisme abrutissent une nation, l’amour des tyrans pourrit l’intelligence, rapetisse le cœur et tue l’âme du Poète, cette âme ailée, flère et radieuse.

Colorez et imagez votre style. Aimez les mots nouveaux, neigée, modernité, vampiresse, exquisité, téléphone, etc., etc. ; et les mots anciens, parce que toutes les langues s’enrichissent de termes et de locutions nouvelles. Renoncer aux archaïsmes ou dédaigner les néologismes, c’est un nonsens, une chose contraire au progrès et à la civilisation.