Page:Rocca de Vergalo - La Poëtique nouvelle, 1880.djvu/74

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Notre sentiment est, d’ailleurs, que tout mot terminé par un e muet au singulier, et par un s ou par ent au pluriel, doit compter pour une seule syllabe, parce que dans la conversation les mots vie, vue, boue, bouée, mes amies, les pies, les enfants rient, se prononcent vi, vu, bou, boué, mes ami, les pi, les enfants ri, et non vi-eu, vu-eu, boué-eu, mes ami-eusses, les pi-eusses, les enfants ri-eunnent : cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Les Poètes qui défendent Vélision, et qui s’obstinent à ne pas faire entrer ces sortes de mots dans le corps du vers ont doublement tort : nous avons cité de grandes autorités, les plus grandes, tant pis pour eux s’ils ne se rendenj pas à l’évidence.

De l’Hiatus proprement dit.

Évidemment, il y a des rencontres qui choquent autant l’oreille que le bon goût, mais ce n’est pas une raison pour bannir l’Hiatus de la Poësie. C’est une faiblesse que nous reprochons à de Ronsard, ce prodige du XVIe siècle qui régna en monarque pendant plus de cinquante ans.

Quoiqu’il en soit, autres temps, autres hommes et autres préceptes. Nous déclarons que YHialus a repris sa place dans le vers français et qu’il y restera à jamais.

Déjà d’excellents Poètes édités par Alph. Lemerre ont placé dans le corps du vers peu à peu, il y a, mil et un, et bien d’autres Hiatus. Pourquoi pas ? puisque les les ah ! oh ! oh ! oui ! oui ! çà cl là sont admis