Page:Rocca de Vergalo - La Poëtique nouvelle, 1880.djvu/75

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depuis des siècles, de même que les finales an, in, on, un, oin, ain, ien, um, aim, ein, etc. ; devant des voyelles, quoiqu’on en dise. La consonne peut être la même à la fin du premier mot et au commencement du segond : on en trouve de nombreux exemples dans Corneille, dans Racine et dans d’excellents Poètes contemporains. Le t ne se prononce pas dans la conjonction et ; mais il se prononce dans est, troisième personne du singulier du présent de l’indicatif du verbe être. Soit. Mais, dorénavant, il en sera autrement, grâce au sens commun qui est plus fort que Iusage et que le reste. Car, comment conçoit-on que les mots avantcourrier, premier, dernier, chevalier, braconnier, primesautier, nez, pied, clef, nid, loup, baiser, rosier, s’extasier et mille autres dont la consonne finale ne se prononce pas, puissent se placer facilement devant une voyelle, quand l’effet produit est le même que celui résultant du choc de deux voyelles ? Il faut donc admettre, comme conséquence logique, des locutions toutes faites, qu’on prononce d’une traite, comme un monosyllabe, et des temps de verbes dont la prononciation est inséparable, à savoir : il y a, il m’a vu ici, arbre à écorce, il a été aimé, il a aimé, il y aurait, il y avait, déjà il…, j’y ai…, qui est, oiseau ami, peu à peu, mille et un, malheur à eux ! jeté à l’eau, à Emilie, un à un, Dieu enfant, à Olivier, etc. De Musset a dit dans un vers charmant tu es, et La Fontaine que oui.

On trouve de nombreux hiatus dans Racine qu’on n’appellera point unPoëte rocailleux et dans La Fontaine, ce Poète consommé, qui fesait admirablement bien les