Les caractères ont aussi subi de semblables métamorphoses.
Pas celui de Coupeau, il est vrai, et c’est là le grand mérite de la pièce ; les auteurs l’ont aussi bien suivi dans les lentes péripéties de sa chute qu’il était matériellement possible de le faire. Sans doute, bien des détails restent inexpliqués ; l’on n’assiste pas au drame, à son abrutissement dans tous ses actes et dans toutes ses scènes, comme dans le chef-d’œuvre de M. Zola. Mais ce qu’on voit suffit pourtant à expliquer le personnage, et c’est déjà beaucoup que les auteurs soient arrivés si loin.
En revanche, Gervaise est méconnaissable. — Il fallait absolument, à ce qu’il paraît, un caractère sympathique, un personnage sur lequel pût se reporter l’affection des spectateurs. Gervaise a été choisie pour ce rôle de victime expiatoire. Hélas ! comme l’a fort bien dit M. Fouquier, « en devenant possible, elle devenait banale[1] ». Elle reste pure dans le milieu
- ↑ XIXe Siècle, 21 janvier.