Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/111

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où as-tu acheté de pareilles robes ? Et, dans la jupe, ces draperies ! Il y a dix ans qu’on portait cela. Je crois que tu te moques de moi !…

Hugues demeurait perplexe et très penaud ; il cherchait des mots, une explication, pas la vraie, mais une autre, vraisemblable. Il commençait à voir le ridicule de son idée, et pourtant elle le tenaillait toujours.

Oh ! qu’elle y consente ! qu’elle revête une de ces robes, fût-ce une minute ! et cette minute, quand il la verra habillée comme l’ancienne, contiendra vraiment pour lui tout le paroxysme de la ressemblance et l’infini de l’oubli.

Il lui expliqua, à voix câline : « Oui ! c’étaient de vieilles robes… dont il avait hérité… les robes d’une parente… il avait voulu plaisanter… il avait l’envie de la voir avec une de ces vieilles robes. C’était fou ; mais il en avait l’envie… une seule minute !… »

Jane n’y comprenait rien ; riait, tour-