Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/133

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fait une révolte intérieure ; car elle vénérait sa parente, et ces révélations si offensantes, si incroyables pour elle, prenaient une autorité dans sa bouche. C’était donc là la cause de tout ce changement d’existence auquel elle ne comprenait rien, les sorties fréquentes, les allées et venues, les repas pris dehors, les rentrées tardives, les absences nocturnes… ?

La béguine continuait :

— Avez-vous réfléchi, Barbe, qu’une servante honnête et chrétienne ne peut pas rester davantage au service d’un homme qui est devenu un libertin ?

À ce mot, Barbe éclata : ce n’était pas possible ! des calomnies, tout cela, dont sœur Rosalie était dupe. Un si bon maître, qui adorait sa femme ! et, chaque matin encore, sous ses propres yeux, allait pleurer devant les portraits de la défunte, gardait ses cheveux mieux qu’une relique.

— C’est comme je vous le dis, répondit avec calme sœur Rosalie. Je sais tout.