Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/226

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tique, par la ferveur de tous ces visages, par la foi de cette immense foule massée dans les rues, sous ses fenêtres, plus loin, partout, jusqu’au bout de la ville en prière, s’inclina aussi quand il vit, aux approches du Reliquaire, tout le peuple tomber à genoux, se plier sous la rafale des cantiques.

Hugues en avait presque oublié la réalité, la présence de Jane, la scène nouvelle qui venait de jeter encore des banquises entre eux. Elle, de le voir attendri, ricanait.

Il feignit de ne pas s’en apercevoir, étouffant des mouvements de haine qu’il commençait, en courts éclairs, à se sentir pour cette femme.

Hautaine, glaciale, elle remit son chapeau, ayant l’air de se rajuster pour partir. Hugues n’osait pas rompre ce dur silence où maintenant la chambre était retombée, après le passage de la procession. La rue s’était vidée rapidement, déjà muette, avec