Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/36

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d’enfance religieuse lui était remonté avec la lie de sa douleur. Mystique, il espérait que le néant n’était pas l’aboutissement de la vie et qu’il la reverrait un jour. La religion lui défendait la mort volontaire. C’eût été s’exiler du sein de Dieu et s’ôter la vague possibilité de la revoir.

Il vécut donc ; il pria même, trouvant un baume à se l’imaginer, l’attendant, dans les jardins d’on ne sait quel ciel ; à rêver d’elle, dans les églises, au bruit de l’orgue.

Ce soir-là, il entra, en passant, dans l’église Notre-Dame où il se plaisait à venir souvent, à cause de son caractère mortuaire : partout, sur les parois, sur le sol, des dalles tumulaires avec des têtes de mort, des noms ébréchés, des inscriptions rongées aussi comme des lèvres de pierre… La mort elle-même ici effacée par la mort…

Mais, tout à côté, le néant de la vie s’éclairait par la consolante vision de