Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/37

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l’amour se perpétuant dans la mort, et c’est pour cela que Hugues venait souvent en pèlerinage à cette église : c’étaient les tombeaux célèbres de Charles le Téméraire et de Marie de Bourgogne, au fond d’une chapelle latérale. Comme ils étaient émouvants ! Elle surtout, la douce princesse, les doigts juxtaposés, la tête sur un coussin, en robe de cuivre, les pieds appuyés à un chien symbolisant la fidélité, toute rigide sur l’entablement du sarcophage. Ainsi sa morte reposait à jamais sur son âme noire. Et le temps viendrait aussi où il s’allongerait à son tour comme le duc Charles et reposerait auprès d’elle. Sommeil côte à côte, bon refuge de la mort, si l’espoir chrétien ne devait point se réaliser pour eux et les joindre.

Hugues sortit de Notre-Dame plus triste que jamais. Il s’orienta du côté de sa demeure, l’heure approchant où il rentrait d’habitude pour son repas du soir. Il cherchait en lui le souvenir de