Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/50

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du soir, vers les parages où il l’avait vue ; il arpenta le vieux quai aux pignons noircis, aux fenêtres embéguinées de rideaux de mousseline derrière lesquels des femmes inoccupées, vite curieuses de son va-et-vient, l’épièrent ; il s’enfonça dans les rues mortes, les ruelles tortueuses, espérant la voir déboucher, brusque, à quelque angle d’un carrefour.

Une semaine s’écoula ainsi, d’attente toujours déçue. Il y pensait déjà moins quand, un lundi — le même jour précisément que la première rencontre — il la revit, tout de suite reconnue, qui s’avançait vers lui, de la même marche balancée. Plus encore que la précédente fois, elle lui apparut d’une ressemblance totale, absolue et vraiment effrayante.

D’émoi, son cœur s’était presque arrêté, comme s’il allait mourir ; son sang lui avait chanté aux oreilles ; des mousselines blanches, des voiles de noce, des cortèges de Communiantes avaient