Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/57

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de lui ? Hallucinant visage tour à tour montré et dérobé ! Apparitions intermittentes, comme celles de la lune dans les nuages ! Il attendit, chercha encore. Des spectateurs attardés se hâtaient, gagnant leurs places dans un bruit grinçant de portes et de banquettes.



Elle seule n’arrivait point.

Il commença à regretter son action irréfléchie. D’autant plus qu’on avait remarqué sa présence et qu’on s’en étonna en une insistance de jumelles qu’il ne fut pas sans apercevoir. Certes, il ne fréquentait personne, n’avait noué de relations avec aucune famille, vivait seul. Mais chacun le connaissait de vue, au moins, savait qui il était et son noble désespoir, en cette Bruges peu populeuse, si inoccupée, où tout le monde se connaît, s’enquiert des nouveaux venus, informe ses voisins et se renseigne auprès d’eux.

Ce fut une surprise, presque la fin d’une légende ; et le triomphe des ma-