Page:Rodenbach - La Mer élégante, 1881.djvu/78

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Qu’on revient tôt ou tard à sa croyance ancienne
Comme à ses chants d’enfance une musicienne
Qui répète les airs qu’on lui chantait jadis ;
Et, sans m’inquiéter des futurs paradis,
Je sais qu’au plus beau jour que l’homme ait dans sa vie,
Quand sa blanche épousée ingénue et ravie
Lui donne tout son cœur de vierge devant Dieu,
C’est grâce à vous surtout qu’elle tiendra son vœu ;
Et puisqu’aujourd’hui même où ce temple est en fête
Le même élan d’espoir et de foi satisfaite
Fait monter tous ces cœurs avec des flots d’encens,
Vieille Religion ! vous qui charmez les sens,
Dût le ciel être vide et la vie éphémère,
Dussent-ils caresser une folle chimère
Ceux qui croient que par vous ils seront réunis,
Vous les rendez heureux, et moi je vous bénis !…