Page:Rodenbach - Les Tristesses, 1879.djvu/116

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Aussi quand je t’ai rencontrée,
Charmante, avec ton air rieur,
J’ai cru t’avoir même adorée
Dans quelque monde antérieur.

Tes cheveux frisant sur les tempes
En un mince et soyeux duvet,
Tes yeux luisants comme des lampes,
Sont bien ceux dont mon cœur rêvait.

Et ton esprit tendre où j’épelle
Me semble un missel retrouvé,
Baigné d’un parfum de chapelle,
Où je relis l’ancien Avé.

Tu réalises ma chimère,
Tu réponds au rêve idéal
Qu’au fond de ma pensée amère
Je pressentais dans Floréal.

Tout s’aime : avril chante et rayonne,
Et le printemps, ce peintre exquis,
Avec des rayons d’or crayonne
Au fond des bois son frais croquis.