Page:Rodenbach - Les Tristesses, 1879.djvu/63

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Les fronts blancs, les fronts doux, les fronts mélancoliques
Des femmes dont les yeux étoilent la pâleur
Font tant sympathiser mon âme avec la leur,
Que j’y mettrais ma lèvre ainsi qu’à des reliques.

Je voudrais dans mon être amasser la chaleur
Et les parfums d’encens des vieilles basiliques
Pour faire refleurir l’amour des bucoliques
Et faire évaporer en elles la douleur.

Oh ! les femmes qui sont tristes ! Je les préfère
Et mon cœur se dilate à la tiède atmosphère
Des pleurs discrets auxquels je trouve un charme amer ;

Car mon amour ressemble aux lueurs qui s’étirent
Dans la phosphorescence étrange de la mer :
Mon amour est un feu que les larmes attirent.