Page:Rodenbach - Les Tristesses, 1879.djvu/68

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II

Marthe ne se plaisait pas du tout chez ses maîtres,
Et songeait bien des fois à ces hameaux champêtres
Du bon pays flamand où l’on vit si contents
Au fond d’une maison petite, hospitalière,
A laquelle on s’attache aussi fort que le lierre
Dont s’encadre la porte ouverte à deux battants.

Au lieu que dans Paris, la grande et sombre ville,
Où l’on heurte le pauvre et puis la femme vile,
Mendiant sous le gaz chacun à sa façon ;
On vit triste, fiévreux, sans oiseau, sans verdure,
N’entendant que l’aveugle à la voix rauque et dure
Qui jette sur les ponts de pierre sa chanson.

Ses maîtres tous les soirs allaient à quelque fête ;
Et lorsque sa besogne ordinaire était faite
Et que les trois enfants étaient bien endormis,