Page:Rodenbach - Les Tristesses, 1879.djvu/88

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Ils ont des sourires fréquents
En tenant un doigt dans leurs bouches ;
Et, comme nous, inconséquents,
Ils tirent les ailes des mouches,

Ayant pourtant le cœur si bon
Qu’ils s’attristent à voir des vieilles
Glaner des débris de charbon
Pour réchauffer un peu leurs veilles.

Oh ! comme ils jasent prés de nous
Dans leur langage pittoresque ;
Lorsqu’ils grimpent sur nos genoux,
Nous redevenons enfants presque,

Nous nous amusons avec eux,
Nous leur racontons des histoires
Où de grands ogres belliqueux,
Au fond de leurs laboratoires,

Font distiller leur noirs venins
Dans des marmites bien chauffées,
Pour détruire ces maudits nains
Qui seront sauvés par des fées.