Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/122

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D’ailleurs, bien que ces trois Calaisiens soient moins braves que les trois premiers, ils ne méritent pas moins d’admiration. Car leur dévouement est d’autant plus méritoire qu’il leur coûte davantage. Ainsi, à travers toute la série de vos Bourgeois, l’on suit l’action plus ou moins prompte que l’autorité et l’exemple d’Eustache de Saint-Pierre exercent sur eux selon la trempe de leur âme. On les voit qui, gagnés de proche en proche par son influence, se décident successivement à marcher.

Et c’est là, sans conteste, la meilleure confirmation de vos idées sur la valeur scénique de l’art.


— Si votre bienveillance pour mon œuvre n’était excessive, je conviendrais, mon cher Gsell, que vous avez parfaitement discerné mes intentions.

Vous avez surtout très bien remarqué l’échelonnement de mes Bourgeois d’après leur degré d’héroïsme. Pour accuser plus encore cet effet, je voulais, vous le savez sans doute, faire sceller mes Statues, les unes derrière les autres devant l’Hôtel de Ville de Calais, à même les dalles de la place, comme un vivant chapelet de souffrance et de sacrifice.