Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/175

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frémissantes : vous reconnaîtrez les tares du personnage : habitude de la débauche et besoin de jouissances.

Tout y est, vous dis-je.

Il serait facile d’esquisser la même série de remarques à propos de tous les bustes de Houdon.

Voici encore Franklin. Un air pesant, de grosses joues tombantes : c’est l’ancien ouvrier. De longs cheveux d’apôtre, une bienveillance benoîte : c’est le moralisateur populaire, c’est le bonhomme Richard. Un grand front têtu, penché en avant : indice de l’opiniâtreté dont Franklin a fait preuve pour s’instruire, s’élever, devenir un savant illustre, puis, pour émanciper sa patrie. De l’astuce dans les yeux et au coin des lèvres : Houdon n’a pas été dupe de la massivité générale et il a deviné le réalisme avisé du calculateur qui a fait fortune, la ruse du diplomate qui a cambriolé les secrets de la politique anglaise.

Voilà tout vif l’un des ancêtres de l’Amérique moderne.

Eh bien ! dans ces admirables bustes, ne trouve-t-on pas, par fragments, la chronique d’un demi-siècle ?