Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/184

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plus insignifiante, réside encore la vie, puissance magnifique, inépuisable matière à chefs-d’œuvre.



Quelques jours après, je revis dans l’atelier de Rodin à Meudon les moulages de plusieurs de ses plus beaux bustes, et je saisis cette occasion pour lui demander les souvenirs qu’ils évoquaient en lui.

Son Victor Hugo était là, concentré dans ses méditations, le front étrangement raviné et comme volcanique, les cheveux en tempête, semblables à des flammes blanches jaillies du crâne. C’était la personnification même du lyrisme moderne, profond et tumultueux.


— Ce fut mon ami Bazire, me dit Rodin, qui me présenta à Victor Hugo. Bazire fut le secrétaire du journal la Marseillaise, puis de l’Intransigeant. Il adorait Victor Hugo. Ce fut lui qui lança l’idée de célébrer publiquement les quatre-vingts ans du grand homme. La fête, vous le savez, fut à la fois touchante et solennelle. Le poète salua de son balcon la foule immense venue devant sa demeure pour l’acclamer : on eût dit un patriarche bénissant