Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/187

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Je n’eus pas de peine à imaginer cette belle vision. Le front de Victor Hugo soutenant ainsi la pesée d’une arche monumentale symboliserait le Génie sur qui s’appuient toute la pensée et toute l’activité d’une époque.


— Je donne cette idée à l’architecte qui voudra la mettre à exécution, me dit Rodin.


Tout près de là, il y avait dans l’atelier de mon hôte le moulage du buste de Henri Rochefort. On connaît cette tête d’insurgé, front bosselé comme celui d’un enfant batailleur qui se gourme sans cesse avec ses compagnons, toupet incendiaire qui semble s’agiter comme un signal d’émeute, bouche tordue par l’ironie, barbiche rageuse : une continuelle révolte, l’esprit même de la critique et de la combativité. Admirable masque sur lequel se reflète toute une partie de la mentalité contemporaine.


— C’est aussi par l’intermédiaire de Bazire, me dit Rodin, que j’entrai en relations avec Henri Rochefort qui était son directeur de journal. Le célèbre polémiste consentit à poser devant moi : c’était un enchantement de l’entendre, tant il avait de