Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/189

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Rodin, mettant alors une de ses mains devant le toupet du buste et l’autre devant la barbiche, me demanda :


— Quelle impression vous produit-il ainsi ?


— On dirait un empereur romain.


— C’est précisément ce que je voulais vous faire dire. Jamais je n’ai retrouvé le type latin classique aussi pur que chez Rochefort.


Si l’ancien adversaire de l’Empire ne connaît pas encore cette paradoxale ressemblance de son profil avec celui des Césars, gageons qu’elle le fera sourire.

Quand Rodin, un moment auparavant, m’avait parlé de Dalou, j’avais revu dans ma pensée le buste qu’il a fait d’après ce sculpteur et qui est au Musée du Luxembourg.

C’est une tête fière et provocante, un cou maigre et tendineux d’enfant des faubourgs, une barbe broussailleuse d’artisan, un front crispé, des sourcils farouches d’ancien Communard, un air fiévreux et rogue de démocrate irréductible. Au reste, de