Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/214

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éclairée par les faits qui précèdent et par ceux qui suivent.

Quand le peintre Delaroche représente, d’après Shakespeare, ou plutôt d’après son pâle imitateur Casimir Delavigne, les Enfants d’Édouard serrés l’un contre l’autre, il faut savoir, pour s’intéresser à ce spectacle, que ce sont là les héritiers d’un trône, qu’ils sont enfermés dans une prison et que des sicaires, envoyés par un usurpateur, vont surgir à l’instant pour les assassiner.

Lorsque Delacroix, ce génie que je m’excuse de citer à côté du très médiocre Delaroche, emprunte à un poème de lord Byron le sujet du Naufrage de don Juan et qu’il nous montre, sur une mer houleuse, une embarcation où des matelots tirent d’un chapeau des morceaux de papier, il faut savoir, pour comprendre cette scène, que ces malheureux affamés sont en train de demander au sort lequel d’entre eux va servir de nourriture aux autres.

En traitant des sujets littéraires, ces deux artistes ont donc commis la faute de peindre des œuvres qui ne portent pas en elles-mêmes leur sens complet.

Et cependant, tandis que celle de Delaroche est mauvaise parce que le dessin en est froid, la