Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/225

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ainsi l’indifférence que, dans certains cas, il témoignait pour le sujet traité…

Il me regardait d’un air presque narquois.


— En somme, me dit-il, l’on ne doit pas attribuer trop d’importance aux thèmes que l’on interprète. Sans doute, ils ont leur prix et contribuent à charmer le public ; mais le principal souci de l’artiste doit être de façonner des musculatures vivantes. Le reste importe peu.


Puis, tout à coup, comme s’il devinait mon désarroi :


— Ne croyez pas, mon cher Gsell, que mes dernières paroles contredisent celles que j’ai prononcées auparavant.

Si je juge qu’un statuaire peut se borner à représenter de la chair qui palpite, sans se préoccuper d’aucun sujet, cela ne signifie pas que j’exclue la pensée de son travail ; si je déclare qu’il peut se passer de chercher des symboles, cela ne signifie pas que je sois partisan d’un art dépourvu de sens spirituel.

Mais, à vrai dire, tout est idée, tout est symbole.

Ainsi, les formes et les attitudes d’un être humain