Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/247

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si l’accentuation des contours essentiels ne produit pas l’effet troublant d’un hymne sacré. Tout artiste qui a le don de généraliser les formes, c’est-à-dire d’en accuser la logique sans les vider de leur réalité vivante, provoque la même émotion religieuse ; car il nous communique le frisson qu’il a éprouvé lui-même devant des vérités immortelles.


— Quelque chose, dis-je, comme le tremblement de Faust visitant cet étrange royaume des Mères où il s’entretient avec les héroïnes impérissables des grands poètes et où il contemple, impassibles dans leur majesté, toutes les idées génératrices des réalités terrestres.


— Quelle magnifique scène, s’écria Rodin, et quelle ampleur de vision chez ce Goethe !


Il poursuivit :


— Le mystère est d’ailleurs comme l’atmosphère où baignent les très belles œuvres d’art.

Elles expriment en effet tout ce que le génie éprouve en face de la Nature. Elles la représentent avec toute la clarté, avec toute la magnificence qu’un cerveau humain sait y découvrir. Mais