Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/278

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vivants et semble participer encore à leur existence ; elle est devenue seulement très faible et, comme elle ne peut plus se soutenir, il faut qu’elle reste assise. C’est un des caractères qui d’ordinaire désignent les morts sur les stèles antiques : leurs jambes étant sans force, ils ont besoin de s’appuyer sur un bâton ou bien contre une muraille, ou bien de s’asseoir.

Il y a encore un autre détail qui, fréquemment, les distingue. Tandis que les personnages vivants qui sont figurés autour d’eux les regardent avec tendresse, eux-mêmes laissent errer leurs yeux dans le vague et ne les fixent sur personne. Ils ne voient plus ceux qui les voient. Ils continuent pourtant à vivre comme des infirmes très aimés au milieu de ceux qui les chérissent. Et cette demi-présence, ce demi-éloignement sont la plus touchante expression du regret que, selon les Anciens, la lumière du jour inspirait aux trépassés.


Nous passâmes en revue beaucoup d’autres antiques. La collection de Rodin est nombreuse et choisie. Il s’enorgueillit surtout d’un Hercule, dont la vigoureuse sveltesse nous enthousiasma. C’est une statue qui ne ressemble nullement au gros Hercule