Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/277

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délicates et effilées ; ses gestes soulignent avec vivacité et précision les jeux de son ironie.

Rodin est trapu ; il a de fortes épaules ; son visage est ample ; ses yeux rêveurs, souvent à demi clos, s’ouvrent parfois largement et découvrent des prunelles d’un azur très clair. Sa barbe fournie le fait ressembler à un prophète de Michel-Ange. Il se meut lentement, gravement. Ses mains vastes, aux doigts courts, sont d’une robuste souplesse.

L’un est la personnification de l’analyse spirituelle et profonde, l’autre, de la hardiesse et de la passion.

Le sculpteur nous mena devant les antiques qu’il possédait, et la conversation se rattacha naturellement au sujet qu’il venait de traiter avec moi.

Une stèle grecque provoqua l’admiration d’Anatole France. Elle représentait une jeune femme assise qu’un homme regardait amoureusement et derrière laquelle se tenait une servante penchée sur les épaules de sa maîtresse.


— Comme ces Grecs aimaient la vie, s’écria le père de Thaïs.

Voyez ! Rien ne rappelle le trépas sur cette pierre funéraire. La morte demeure au milieu des