Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/284

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Et se laissant aller à des impressions moins théoriques :


— Quelle élégance ! dit-il. Ce jeune torse sans tête semble sourire à la lumière et au printemps mieux que des yeux et des lèvres ne le pourraient faire.


Puis, devant la Vénus de Milo :


— Voilà la merveille des merveilles ! Un rythme exquis très semblable à celui des statues que nous venons d’admirer ; mais, de plus, quelque chose de pensif ; car ici nous ne trouvons plus la forme de C et, au contraire, le torse de cette déesse se courbe un peu en avant comme dans la statuaire chrétienne. Pourtant rien d’inquiet ni de tourmenté. L’œuvre est de la plus belle inspiration antique : c’est la volupté réglée par la mesure : c’est la joie de vivre cadencée, modérée par la raison.

Ces chefs-d’œuvre me produisent un étrange effet. Ils reconstituent naturellement dans ma pensée l’atmosphère et le pays où ils naquirent.

Je vois les jeunes Grecs aux cheveux bruns couronnés de violettes et les vierges aux tuniques flot-