Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/285

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tantes offrir des sacrifices aux dieux dans ces temples dont les lignes étaient pures et majestueuses et dont le marbre avait la chaude transparence de la chair ; j’imagine des philosophes se promenant aux alentours d’une ville et s’entretenant de la Beauté près d’un vieil autel qui leur rappelait une aventure terrestre de quelque dieu. Les oiseaux cependant chantaient sous le lierre, dans les larges platanes, dans les buissons de lauriers et de myrtes, et les ruisseaux miroitaient sous le ciel, enveloppe sereine de cette nature sensuelle et paisible.


Quelques instants après, nous étions devant la Victoire de Samothrace.


— Replacez-la en esprit sur un beau rivage d’or, d’où l’on voyait, sous les branches des oliviers, la mer étincelant au loin avec ses îles blanches !

Les Antiques ont besoin de la pleine lumière ; dans nos musées, ils sont alourdis par des ombres trop fortes : la réverbération de la Terre ensoleillée et de la Méditerranée voisine les auréolait d’une éblouissante splendeur.

Leur Victoire,… c’était leur Liberté : comme elle différait de la nôtre !