Page:Rodin - L’Art, 1911, éd. Gsell.djvu/92

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ces constatations dans l’ordre où je viens de les indiquer, de manière que leur succession donnât l’impression du mouvement.

Au surplus, le geste du Saint Jean-Baptiste recèle de même que celui de l’Âge d’Airain une signification spirituelle. Le prophète se déplace avec une solennité presque automatique. On croirait entendre ses pas sonner comme ceux de la statue du Commandeur. On sent qu’une puissance mystérieuse et formidable le soulève et le pousse. Ainsi la marche, ce mouvement si banal d’ordinaire, devient ici grandiose parce qu’elle est l’accomplissement d’une mission divine.


— Avez-vous déjà examiné attentivement dans des photographies instantanées des hommes en marche ? me demanda tout à coup Rodin.


Et sur ma réponse affirmative :


— Eh bien ! qu’avez-vous remarqué ?


— Qu’ils n’ont jamais l’air d’avancer. En général, ils semblent se tenir immobiles sur une seule jambe ou sauter à cloche-pied.