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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

ce ruban, presque aussi blanc que sa gorge, elle écrivit l’adresse de M. de Vannes et celle de la maison où elle se trouvait enfermée…

— Le ciel m’exaucera, pensa-t-elle, il me permettra de rencontrer un homme à qui je puisse remettre cette indication !

Confiante en cette pensée, la malheureuse femme prit en patience le joug terrible sous lequel cette main de fer la courbait… L’instinct que le comte avait prétendu surtout rabaisser en elle, c’était la fierté ; elle eut à endurer, dès ce jour, la compagnie humiliante de Josépha. Cette fille surveillait ses moindres mouvemens avec une rigueur scrupuleuse ; elle se plaisait à lui répéter continuellement qu’elle serait fort heureuse avec le comte de Cerda.

M. le comte ne veut pas faire de vous une maîtresse… mais sa femme, reprenait-elle lorsqu’elle la voyait triste.

Josépha n’appartenait elle-même à l’Espagnol que depuis une quinzaine de jours ; elle ignorait entièrement son ancienne vie… Sous le prétexte de faire l’assidue près de la créole, elle augmentait pour elle les tortures de cette captivité. Ce fut alors que la marquise se ressouvint de Finette ; Finette, pauvre fille qui avait payé de sa vie la méprise sanglante de Tio-Blas.

— Si je refuse de l’épouser, j’aurai le même sort, se dit-elle.

La marquise n’avait pas tardé à devenir l’humble servante de Josépha. C’était à elle que la malicieuse duègne abandonnait le soin de sa chambre ; elle se