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ÉPILOGUE.

et qui eût fait à lui seul la fortune d’un homme. Les tueurs noirs d’Haïti n’avaient point encore de ceinture magnifiquement frangée ; ils ne montaient pas, comme Toussaint, un cheval accablé sous le poids d’un harnois d’or massif ; ils n’avaient ni musiciens ni état-major.

Non, en vérité, non, ils étaient plus rustiques dans leur équipage de révoltés. Jean François lui-même n’était pas encore élevé au rang de grand d’Espagne, et Biassou ne se disait pas généralissime des pays conquis.

Cependant diverses parties de Saint-Domingue étaient devenues la proie des flammes. Des hommes de couleur et surtout des Espagnols s’étaient fait les agens de la révolte.

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Une nuit du mois d’août 1791, un homme au front basané, vêtu d’une simple veste de nankin et qui par une singulière manie de décorum portait l’ordre de Saint-Jacques attaché à son caleçon, descendit de cheval à une portée de fusil de la Rose, cette ancienne habitation de M. de Boullogne, dont il ne restait plus alors que quelques pans chétifs de murailles. Il attacha sa monture aux branches d’un tamarin et se mit à considérer cette ruine…

Au milieu de bois de cèdre rompus, de chapiteaux d’acajou, de ferrailles, de plomb et de décombres de toute sorte, les galeries extérieures de la grande case gisaient à terre, fracturées à grands coups de hache et déjà envahies par une foule de plantes hâtives. L’or des balustres avait disparu ; mais à la lueur