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LA VIE D’UN FILS.

que les autres, apaisant sa propre terreur par une foule de raisons mauvaises, jusqu’à ce qu’elle prît le dessus et la rejetât sur le carreau.

La nuit était sombre et pluvieuse, la pendule marquait deux heures…

— Saint-Georges est encore chez la Montesson, pensa-t-elle, elle l’a retenu sans doute ; mais il rentrera, selon sa coutume, avant le jour…

Une idée propice avait traversé l’esprit de Mme de Langey, car un sourire étrange vint alors errer sur sa lèvre mince et pâle…

— C’est cela, s’est-elle dit en écrivant à la hâte au crayon un billet rose et en sonnant l’un de ses valets de pied qui venait de descendre de la voiture.

— Porte ceci à M. de Vannes, ajouta-t-elle.

Le messager une fois parti, la marquise de Langey avait respiré comme si la foudre n’eût plus menacé le front de Maurice. Elle avait relevé la tête avec l’orgueil d’une reine, s’applaudissant sans doute de ce qu’elle appelait une inspiration.

Cette inspiration était le comble de la lâcheté et de l’infamie, elle consistait dans le guet-apens nocturne dont Saint-Georges, suivant toutes les probabilités, devait devenir victime.

M. de Vannes, l’âme damnée de la marquise, s’était vu chargé par elle dans ce billet des préparatifs immédiats de l’attaque. Il n’avait pas lardé à réunir quatre maîtres bâtonnistes non loin de l’hôtel d’Angleterre. Ces hommes, moitié par jalousie contre Saint-Georges, qui tirait fort bien le bâton, moitié pour l’argent que de Vannes leur avait donné, se