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REVANCHE.

celle de Maurice !… Ce lien, que son rival heureux croyait éternel, il ne tenait qu’à lui de le trancher ; il était le maître de cet amour, dont l’enivrement doublait sa haine !

Les courts instans qu’il crut devoir passer au Raincy, où il était attendu par le duc de Chartres, ne firent que confirmer chez lui toute impossibilité d’accommodement avec le marquis de Langey. En arrivant chez le prince, il s’était dit qu’on ne l’avait peut-être mandé que pour empêcher l’affaire, la volonté du roi à l’encontre des duels étant absolue. Il trouva au contraire le duc de Chartres ravi de voir battre un des officiers de sa maison.

— Si je n’avais pas ce soir ici réunion de la loge maçonnique, je t’assure que j’irais ! Tu vas le tuer comme une mouche… avait ajouté ce lâche prince, ravi d’exploiter partout le courage dont il manquait. C’est un tourtereau de Trianon ; il roucoule chez la reine !… Je ne l’aime pas… il est de noblesse bretonne… Tout ce que je puis faire, c’est de commander pour lui une messe à l’abbé Beaudan, qui la dira comme il pourra, mais de manière à ce qu’elle ait le sens commun !

Après ce sarcasme impie, le duc s’était entretenu avec Saint-Georges de deux jockeys d’Angleterre, Parkner et Adamson, qu’il voulait faire courir dans huit jours. Il l’avait mené voir sa meute et lui avait demandé son avis sur la nouvelle livrée qu’il voulait donner à ses gens.

— Tue-nous le Breton ! lui avait-il crié de la grille, tu feras une jolie petite veuve ; car il écrit à mon père