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LE CHEVALIER DE SAINT-GEORGES.

qu’il épouse ce soir, à minuit, Mlle de La Haye, à l’église de l’Oratoire…

— L’enfer est contre moi ! murmura Saint-Georges en s’élançant au galop par l’avenue…

Dans la rapidité de cette course, il sentait à peine les rayons obliques du soleil qui venaient brûler ses joues… Tout son courroux venait de se rallumer ; il ne pouvait croire encore à cette ironique intrépidité de Maurice, à cette assurance d’un mariage devant son épée.

— Je suis prêt, dit-il à ses témoins en entrant, le front baigné de sueur, les lèvres pâles et crispées… M. de Langey a-t-il envoyé ses seconds ?

— Pas encore, reprirent MM. de la Monteil et de Guintrand ; mais quand on se bat avec vous, mon cher Saint-Georges, on a des dispositions à faire…

Le chevalier ne crut pas devoir leur répondre, et passa dans un petit cabinet où se trouvaient quelques armes de chasse…

La fraîcheur et la solitude de cette pièce lui rendirent un peu de calme ; il se jeta sur une duchesse de damas rose, où il étendit ses bottines poudreuses, après avoir posé sur une table en marqueterie le fouet de poste qu’il tenait près de ses deux épées de combat.

Ses yeux tombèrent alors sur un large secrétaire, dont la clé se trouvait absente, sans doute parce que le chevalier avait coutume de l’en retirer à chaque fois qu’il sortait. La vue de ce meuble sembla ranimer chez lui des idées d’orgueil…

— Il ignore, le dédaigneux jeune homme, se dit-il i