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AU-DESSUS DE LA MÊLÉE


J’ai montré, dans un article récent[1], qu’une partie de la jeunesse intellectuelle d’Allemagne était loin de partager le délire guerrier de ses aînés. J’ai cité certaines désapprobations énergiques infligées aux théoriciens de l’impérialisme par ces jeunes écrivains. Et ceux-ci ne sont pas, ainsi que l’a pu croire un article du Temps (à la loyauté duquel je suis heureux d’ailleurs de rendre hommage), un groupe aussi restreint que celui de nos symbolistes. Ils comptent parmi eux des artistes qui jouissent d’un large public et qui ne prétendent nullement (à part le groupe de Stefan George) écrire pour quelques-uns, — qui veulent écrire pour tous. J’ai dit que la revue du plus hardi d’entre eux, le Forum, de Wilhelm Herzog, était lu dans les tranchées allemandes et en recevait des approbations.

Mais ce qui est plus étonnant, c’est que cet esprit de critique ait pénétré certains des combattants, et même ait fait son apparition parmi des officiers allemands. Dans le numéro de novembre-décembre de la Friedens-Warte, éditée à Berlin, Vienne, Leipzig, par le Dr  Alfred-H. Fried, on trouve un Appel aux peuples germaniques ( « Aufruf an die Vœlker germa-

  1. Littérature de Guerre (Journal de Genève, 19 avril).