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LE MEURTRE DES ÉLITES

nischen Blutes »), adressé, à la fin d’octobre, par le baron Marschall von Biberstein, Landrat de Prusse et capitaine de la réserve du 1er  régiment de la garde à pied. Cet article a été écrit dans une tranchée au nord d’Arras, où le 11 novembre, Biberstein fut tué. Il exprime sans feinte l’horreur de la guerre et le désir ardent que ce soit la dernière : « C’est la conviction à laquelle sont arrivés ceux qui se trouvent sur le front et qui sont les témoins des souffrances indicibles d’une guerre moderne. » Franchise plus méritoire encore : Biberstein se décide à un commencement d’aveu et de mea culpa pour les fautes de l’Allemagne. « La guerre a ouvert les yeux, dit-il, sur notre effrayante Unbeliebtheit (faculté de n’être pas aimés). Toute chose a sa cause : nous devons avoir causé cette haine ; et même, en partie, nous l’avons justifiée… Espérons que ce ne sera pas le dernier profit de cette guerre que l’Allemagne fera un retour sur elle-même, cherchera à reconnaître ses fautes et à les corriger. » Malheureusement, l’article est encore gâté par l’orgueil germanique qui, désirant la paix du monde, prétend l’imposer au monde, et rappelle, par certains côtés, le pacifisme belliqueux du trop célèbre Ostwald.

Mais voici, d’un autre officier (dont j’ai déjà parlé dans mon dernier article), le poète Fritz von Unruh, premier lieutenant de uhlans sur le front ouest, des scènes dramatiques en vers et