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AU-DESSUS DE LA MÊLÉE

deux choses l’une, — ou bien que vous l’approuvez (et alors que l’opinion du monde vous écrase !) — ou bien que vous êtes impuissants à élever la voix contre les Huns qui vous commandent. Et alors, de quel droit pouvez-vous encore prétendre, comme vous l’avez écrit, que vous combattez pour la cause de la liberté et du progrès ? Vous donnez au monde la preuve qu’incapables de défendre la liberté du monde, vous l’êtes même de défendre la vôtre, et que l’élite allemande est asservie au pire despotisme, à celui qui mutile les chefs-d’œuvre et assassine l’Esprit humain.

J’attends de vous une réponse, Hauptmann, une réponse qui soit un acte. L’opinion européenne l’attend, comme moi. Songez-y : en un pareil moment, le silence même est un acte.


Journal de Genève, mercredi 2 septembre 1914.