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Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/34

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BEETHOVEN

Le maître-constructeur, dont la Nature est le chantier Pour qui sait regarder ces campagnes de l’Esprit, qu’illuminent les victoires de l’Eroïca et de l’Appassionata, le plus frappant n’est point l’énormité des armées, les flots sonores, les masses qui se lancent à l’assaut, — c’est l’esprit qui commande, la raison impériale.



Mais, avant de parler de l’œuvre parlons de l’ouvrier ! Et rebâtissons d’abord la charpente du charpentier… Le corps.

Il est maçonné à chaux et à sable. L’esprit de Beethoven a pour support la force. Une musculature puissante el un corps athlétique. On le voit, sa stature carrée, bas sur pattes, large d’épaules, une figure rouge-sombre, cuite par le vent et le soleil, la forêt de sa crinière noire, dressée, les sourcils touffus, de la barbe jusqu’aux yeux, le front et le crâne larges et hauts, « comme la voûte d’un temple », de robustes mandibules « qui broieraient des noix », un mufle de lion, « une voix de lion » [1]. Pas un de ceux qui l’ont connu,

  1. « Löwenstimme… Die Nase viereckig wie die eines Lôwen… Das Haar dick, in die Hôhe stehend… Stirne und Schädel wunderbar breit gewolbt und hoch wie ein Tempel… Bis an die Augen ging sein erschrecklich starker Bart… »

    Pour tous ces détails, cf. Ries, Röckel, surtout Benedikt qui, le voyant avec Weber, fut saisi du contraste entre les deux hommes.