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Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/48

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BEETHOVEN

pour ne point éveiller sa susceptibilité. La princesse lui montre un amour de « grand’mère s (c’est Beethoven qui le dit) ; « elle’le mettrait sous cloche, afin qu aucun souffle indigne ne l effleurât » ; et on lira plus loin le récit de cette soirée il décembre 1805, au palais Lichnowsky, où, quelques in unes réunis et tâchant de sauver Fidelio, que Beethoven, après le premier insuccès, se refuse à retoucher, songe presque à détruire, la princesse, déjà gravement malade, évoque le souvenir de la mère de Beethoven, le conjure « de ne pas laisser périr sa plus grande œuvre »[1] — Mais quelques mois après, il suffira d’un mot qui lui paraît attenter à son indépendance, pour que Beethoven brise le buste du prince, se sauve de la maison, en faisant claquer la porte ; il ne reverra plus les Lichnowsky ! [2]

— « Prince, lui écrit-il, en prenant congé de lui 3, ce que

1. Récit du ténor Rœckel, présent à la scène.

2. 11 les aimait, pourtant ; et quelques mots de lui montrent que son cœur leur conserva sa reconnaissance. Mais cette reconnaissance n’accordait à quiconque des droits sur sa liberté.

Ajoutons que ses protecteurs, il les a royalement payés : — Dédicaces au prince Lichnowsky de l’op. 1 (les trois trios), de l’op. 13 (la sonate Pathétique), de l’op. 26 (la sonate avec marche funèbre), de la seconde symphonie ; — à la princesse Lichnowsky, de la partition pour piano du ballet Prometheus ; — à sa mère, la comtesse de Thun, de l’op. 11, (le trio en si bémol), etc. 3. Récit du médecin du prince, Dr Weiser. (Frimmel : Beethoven, 1S03, — Thayer, t. Il, p. 514.)

La scène fut beaucoup plus violente qu’on ne la raconte ; mais les mains de Beethoven essayèrent d’étouffer l’affaire. Voici ce que févèle une lettre intime de Ries à Vvegcler, 28 décembre 1837, qui

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