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Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/50

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BEETHOVEN

doit rien : car il n’a jamais voulu admettre ce qu’ils lui enseignaient ; sa dure expérience personnelle lui a tout appris. Il est l’archange rebelle. Gelinck, consterné, dit :

— « En ce jeune homme, il y a Satan.[1] »

Patience ! La lance du Saint Michel en saura faire jaillir le Dieu caché. Ce n’est pas un vain orgueil qui le possède, quand il refuse d’obéir aux raisons d’autorité. On trouvait monstrueux, en son temps, que ce jeune homme se sentît l’égal des Goethe et des Hændel[2]. Il l’était.

S’il se montre ûer devant les autres, il ne l’est pas devant soi. Parlant de ses défauts à Czerny, de son éducation manquée, il dit. :

— « Et pourtant, j’avais du talent pour la musique !… » Personne n’a plus âprement, patiemment, tenacement, travaillé, de ses premiers à ses derniers jours. Ces théoriciens, qu’il rejetait, à vingt ans — à quarante, il les reprendra, il les relira, il fera des extraits de Kirnberger, Fux, Albrechtsberger, Türk, Ph.-Em.-Bach, après la Pastorale et la Symphonie en ut mineur[3]. Sa curiosité d’esprit est immense[4]. Quand il sera près de mourir, il dira i

1. Czerny.

2. Ignaz von Seyfried.

3. En 1809. — Mais, notez-le bien î c’est pour son élève, le jeune archiduc Rodolphe, qu’il amasse ces copies, ces « Materialien zum Contrapunki » (Voir Nottebohm : Becthovcniana, p. 154 et suiv.) Et ceci nous commente la verte réponse à Halm, citée à la page précédente. Les béquilles sont bonnes pour les débiles !

4. Non seulement en musique, mais en tout ordre de pensée. A cette curiosité encyclopédique j’ai consacré une étude, dans le Bonn-Bee-

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