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Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/51

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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

— « Je commence d’apprendre. »

Patience ! déjà le fer se dégage des minerais en fusion. L’amour jaloux de la gloire, qu’entretiennent ses rivalités de virtuose et les excitations du public, n’est qu’une éruption d’enfance sur la peau. Quand ses amis lui parlent de sa jeune renommée :

— « Ah ! non-sens ! leur dit-il, je nai jamais pensé à écrire pour le renom et pour la gloire. Ce que j’ai sur le cœur, il faut que cela sorte ; et voilà pourquoi j’écris ! [1] » Tout est subordonné à la voix impérieuse de sa vie intérieure.


Cette vie de rêve qui coule par grandes nappes dans le monde souterrain, chaque vrai artiste la porte en soi, diffuse et intermittente. Mais elle atteint, chez Beethoven, à un degré d’intensité unique. Et cela, bien avant que les portes de l’ouïe, fermées, le bloquent au reste de l’univers… Que l’on songe au magnifique Largo e mesto en ré mineur de la sonate op. 10 no 3, — à cette méditation sou-

thoven Festbuch de 1927, sons ïe titre : « Fonti Fortitudinis ac Fidei », et j’y reviendrai, dans un chapitre du volume II de ces Essais.

Aucun grand musicien créateur, à part J.-S. Bach, n’a eu, comme lui, la passion et (grâce à la bibliothèque de l’archiduc Rodolphe) les moyens de connaître les chefs-d’œuvre musicaux du passé (y compris les xv » et xvî® siècles), 1. Czerny.

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