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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/52

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GŒTHE ET BEETHOVEN

et la suppliait, dans ses lettres, de Taimer, Bettine répondait, affectueuse et sincère, qu’elle voudrait le rendre heureux, mais qu’elle ne distinguait pas ce qui était dans son cœur. Déjà, en 1809, elle avait fait à Arnim une allusion obscure aux liens dont l’enveloppait la musique (a die Fesseln, die mir die Musik hier anlegt... »)

— Maintenant, la rencontre avec Beethoven avait renforcé ces liens. Un travail s’accomplissait en elle.

Le 7 juillet, elle commence une longue lettre à Gœthe ; elle l’interrompt deux fois ; elle la reprend le 13, puis le 28 ; elle s’efforce d’y déverser le trop-plein amassé depuis trois mois. On sent qu’elle ne peut pas s’en délivrer, elle est immergée dans le flot de sa rêverie1... Elle recule toujours le moment de dire l’essentiel... Enfin, elle se décide ; elle commence le récit de la rencontre avec Beethoven. Ce sont les mêmes mots qu’elle reprendra pour le début de sa lettre imaginaire, publiée en 1835. Elle élaguera seulement quelques redondances. Elle avait aussi, dans la rédaction originale, accentué davantage l’amour commun pour Gœthe, qui Ta rapprochée de Beethoven. On comprend sa tactique : pour mieux disposer Gœthe à l’entendre, c’est sous le signe 1. « J a Dir môgt ich ailes sagen ; es ist so viel, und auch so wenig... aile Wahrheit ist dem Menschen zu schwehr... Was soll ich Dir sagen P der Du ailes weist... und weist wie wenig der Worte dem innern Sinn gehorchen, dass sie ihn wahrhaft andeuten mëgen... »