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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/76

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GŒTHE ET BEETHOVEN

que la Bédine 1 mariée n’était plus à redouter. On les reçut affectueusement. Matin et soir, ils étaient dans la maison, ils ne quittaient plus Gœthe. Et, la semaine passée, ils en restèrent une seconde, puis une troisième. La santé de Bettine légitimait cette prolongation de séjour. Mais elle ne l’excusait pas, pour Gœthe, gêné dans son travail, ni pour Madame la conseillère, qui devait constater avec un amer dépit que le mariage n’avait rien changé au flirt d’âme entre Bettine et le Geheimrath a. Les deux femmes étaient les moins faites au monde, je ne dis pas pour s’entendre, mais pour se supporter : — la bonne grosse Christiane, toute simple et vulgaire, (elle le devenait toujours plus, à mesure que l’âge et la bonne chère la faisaient plus rouge et plus épaisse 1 2 3), — la fine et agaçante Bettine, avec ses fantasmagories du sentiment et son fatras d’idées. Toutes deux, bonnes langues et vives, point indulgentes, et toutes 1. Ainsi Christiane orthographiait — comme elle prononçait

— le nom de Bettine,

2. « Lieber guter Geheimrath, » écrit dans ses épanchements intimes Christiane à son époux.

3. La « dicke Hàljte » (l’épaisse moitié) : ainsi l’appelaient irrévérencieusement les commères de Weimar. — On peut penser que sa vulgarité et son manque de culture fournissaient à l’ironie de Bettine une large cible. Et Gœthe ne pouvait manquer d’en être mortifié. Il existe une lettre autographe de Christiane à Bettine, 30 janvier 1809 : Gœthe en a revu l’orthographe et écrit lui-même l’adresse. Ce petit fait en dit long l