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Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/81

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GŒTHE ET BEETHOVEN

triche 1 désire lui parler. Goethe se rend à Teplitz. Et Beethoven s’y trouve déjà depuis une semaine. Goethe ne vient pas pour lui. Mais étant venu prè^de lui, il se souvient sans doute du portrait sai sissant que Bettine lui en a tracé, ainsi que du vœi ardent exprimé par Beethoven de le rencontrer. La curiosité du collectionneur d’âmes l’emporte sur l’inquiétude du moi subconscient. Il s’en va voir Beethoven.

Teplitz était alors plein d’empereurs et d’impératrices, d’oiseaux archiducaux et d’oiselles de cour 1 2. Beethoven n’était pas de ceux qu’éblouissait leur plumage. Il écrit, renfrogné :

— « Peu d’hommes, et dans ce petit nombre, rien de saillant... Je ois seul — seul !...3 » C’est alors qu’il adresse à la petite fille de huit ans son exquise lettre où se trouve le mot fameux : « Je ne reconnais pas d’autre signe de supériorité que la bonté 4. »

1. Elle était une arrière petite-fille de la Leonora d’Este du Tasse.

2. L’empereur Franz, l’impératrice d’Autriche, l’impératrice Marie-Louise de France, le roi de Saxe, une séquelle de duos, et de grands-ducs, toutes les illustrations d’Allemagne et d’Autriche. 3. 14 juillet 1812. Beethoven était particulièrement surexcité, en ces jours. L’hypothèse n’est pas exclue que ce ne soit la semaine, précédente qu’ait été écrite la fameuse Lettre à l’Immortelle Aimée. Bien des faits sont d’accord, pour que la rencontre passionnée ait eu lieu, sur le chemin de passage entre Prague et Teplitz. 4. 17 juillet 1812. Lettre à la petite Emilie M. de H., qui lui avait adressé un beau compliment.