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BEETHOVEN

transition et qu’on pourrait aussi bien traiter de cinquième variation, car il a son indépendance très marquée, et il est fait d’éléments réduits et concentrés du thème initial. On dirait que de ce premier dessin mélodique, dont il avait longtemps méconnu le sérieux caché, puisqu’il en faisait sortir, dans ses esquisses, les jeux les plus frivoles de « la gaieté », Beethoven vienne de découvrir l’avertissement sévère et religieux :

[partition à transcrire]

L’âme y répond (tonalité d’ut dièze mineur), en mouvement contraire de plaintives harmonies, avec une douloureuse humilité, faite de plainte et d’acceptation. — Mais vers la fin, c’est celle-ci qui l’emporte, et, courageusement, s’achemine vers le plein et tendre consentement de la Variation finale (mes. 108 et suiv.), dans la tonalité revenue en la bémol.

C’est l’épanouissement de la belle idée, son Mai en fleurs. Comme dit Vincent d’Indy, la mélodie initiale « se volatilise » en dessins diatoniques d’une extrême ténuité. Ce sont des guirlandes de vocalises entrelacées. Au-dessus, le 1er violon s’envole par bonds d’octaves enivrés. Au point où ce flot d’amour déborde de l’âme, celle-ci semble fléchir sous le bonheur… Le flot s’interrompt (mes. 119-20). Sur un accompagnement apaisé de notes en triolet, pizzicato pp. répétées, qui rappelle le début de la quatrième Variation, le premier violon chante sa reconnaissance éperdue ; l’expression semble lui manquer ; elle s’achève en trois notes pieuses, tendres