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BEETHOVEN

succéder un tendre dialogue de tierces, qui va s’éteignant, tandis que l’alto et le violoncelle chuchotent des appels qui préparent le passage à la Durchführung (mes. 97) : (car le Finale est construit d’après la forme Sonate).

Mais ce n’est pas un de ces développements serrés, logiques, comme Beethoven en usait dans ses grandes œuvres de la maturité. Il est bien plus occupé maintenant de se donner du plaisir par la variété et l’imprévu de la fantaisie, que de livrer des combats de dialectique passionnée. C’est l’avantage de l’automne de la vie, qu’on en jouit mieux des fruits. Cette Durchführung est une corbeille de fruits variés, de savoureux contrastes harmoniques et d’imitations polyphoniques. Aux connaisseurs, de les déguster ! Nous leur signalons notamment les mesures 121-134, où la pensée de Beethoven semble perdre pied (c’est chez lui un état de hantise non exceptionnel) dans une sorte de Dourdonnement monotone, où les dessins se diluent, où les notes se répètent comme un battement d’artère, sur le ronflement de la pédale en si bémol à la basse. Puis (mes. 135-147) les charmantes réponses entrecroisées des deux violons, qui évoquent des préludes de J. S. Bach. Et, succédant à une polyphonie assez touffue (mes. 176-186), le bel élan mélodique de l’âme heureuse et allégée.

La Reprise (troisième partie de la Sonate) reproduit la première partie, avec plus d’intensité et d’abondance ; perché à un registre plus haut, le premier violon conduit le joyeux babil. Mais après la répétition du trépignement bouffon, le tendre dialogue de tierces qui suit se ralentit en dim. et pp., glissant du mi bémol au mi naturel, et il amène une Coda absolument inattendue.

Car non seulement l’armature, mais le rythme (6/8), le