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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/20

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BEETHOVEN

Diabelli, le Chant Elégiaque, une Sonate pour piano, « que vous pourriez avoir bientôt »[1], et il ajoute : — « un quatuor à cordes, pour cinquante ducats, que vous pourriez aussi recevoir bientôt[2] ».

Il est donc clair qu’il portait en lui un quatuor prêt à naître… Mais il y eut entre Beethoven et Peters un malentendu : Peters voulait un quatuor « accompagné », avec piano ; et Beethoven voulait un quatuor à cordes seules : (nous verrons plus loin que la différence, pour lui, était d’importance). Peters le lui rappela, en ajoutant que le prix demandé était trop élevé. Beethoven qui, le 6 juillet, maintient son prix, en faisant remarquer (et la remarque est intéressante) que « c’est justement ce genre d’œuvre qui lui est maintenant payé le plus haut », ajoute qu’  « en ce qui concerne le quatuor proposé, il nest pas tout à fait terminé, car il m’est venu quelque chose d’autre, dans l’intervalle. »

Assurément, il ne faut pas prendre ces paroles au pied de la lettre. Le quatuor dont il parle n’existe pas sur le papier. Il n’en a peut-être pas noté une seule phrase. Il se convainc très sincèrement qu’une œuvre existe, quant il l’a conçue dans son cerveau. C’est ce qu’il appelle : « pas tout à fait terminée !… » Il ne lui reste plus qu’à l’écrire… Il oublie toujours qu’en dépit de son assurance, le vrai travail commence, à l’instant seulement qu’il commence d’écrire. Car

  1. Il ne s’agit pas d’une des dernières sonates que nous connaissons, car elles étaient déjà en cours de publication chez Schlesinger, — mais d’une sonate nouvelle, qui occupait donc alors sa pensée, et qu’il n’a pas écrite.
  2. « Ein Quartett f. 2 violinen, Bratsche u. violoncell 50 Ducaten, welches Sie ebenfalls bald erhalten kônnten ».