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Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/23

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LES DERNIERS QUATUORS

en vérité, providentielle, à l’heure où il était hanté déjà du désir d’écrire des quatuors : car elle lui apportait la garantie, indispensable, que son travail ne risquerait pas d’être sans profit, donc ruineux ; et cette préoccupation matérielle le harcelait, le contraignait, en rougissant, à quémander ou accepter des commandes rémunératrices, sans intérêt artistique.

Un bonheur n’arrive jamais seul. De Londres, presque en même temps, un grand mécène, mélomane distingué et admirateur de ses compositions, sir Charles Neate, lui commandait trois nouveaux quatuors, pour une offre de cent guinées. Et Beethoven acceptait avec joie, le 25 février 1823, comme il avait accepté, un mois avant, le 25 janvier, la commande Galitzin. Il ne s’inquiétait pas des moyens de réaliser tous ces travaux ; il en sollicitait même encore, puisque nous l’avons vu, un mois après, le 20 mars 1823, prêt à accepter pour Peters la charge de deux autres quatuors, avec clavier ! 2 + 3 + 3 = 8… Quelle fringale de quatuors ! Et comment expliquer cette éruption soudaine, — surtout quand on se rappelle qu’il y avait treize ans qu’il s’était détourné de ce genre de musique[1] !

  1. Son dernier quatuor écrit, l’op. 95, portait la date d’octobre 1810, et parut en décembre 1816.